RadioDelta

Un débat avec :
- Frédéric MAGET, président de la Société des amis de Colette, directeur de la maison Colette (maison natale) à Saint-Sauveur-en-Puisaye (Yonne), auteur de nombreux ouvrages dont récemment Les 7 vies de Colette (Flammarion), Notre Colette (Flammarion) et vous avez codirigé le Cahier de l’Herne.
- Bénédicte VERGEZ-CHAIGNON, historienne, auteure de Colette en guerre (Flammarion)

Quelques questions abordées durant le débat :

- Comment résumer Colette ? (si tant est que l’on puisse la résumer)
- Colette féminine assurément ?
- L’émancipation compte énormément pour les francs-maçons. Aussi parce que c’est le refus de l’assignation.
On a coutume de dire que Colette était émancipée. Était-ce vraiment le cas ? Il y a un paradoxe. Elle s’est mariée, a dû travailler pour faire vivre le ménage avec son premier mari Willy, qui l’a fortement poussée à écrire, conscient à la fois de son talent et peut-être de la manne financière qu’elle pouvait représenter. Et, en même temps, elle se met en couple avec Missy, une femme qui s’habille en homme… (scandale de Rêve d’Egypte en 1907)
Alors prenons un exemple. Il y a quelques jours, le 8 mars, avait lieu la journée internationale des droits des femmes. Colette et la légalisation du droit à l’avortement ?
- On ne peut aborder Colette sans évoquer l’homosexualité féminine. Colette a également souvent décrit des hommes faibles, presque des hommes objets.
- Est-ce que la question de la liberté n’est pas centrale chez Colette ? Tant en ce qui la concerne, que dans ses écrits.
- Colette : un modèle ? Simone de Beauvoir (le Deuxième Sexe, les Mémoires d’une jeune fille rangée). Citée à de nombreuses reprises. Était-elle un modèle ?
- Peut-on pour autant dire qu’elle était féministe ?
- Colette et l’engagement. Elle n’était pas militante. Peut-on la dire engagée ? Le livre de Bénédicte VERGEZ-CHAIGNON retrace très clairement la période de la seconde guerre mondiale avec les ambiguïtés, voire les ambivalences de Colette. En couple avec un juif, Maurice Goudeket, embarqué lors de la rafle des notables, et, en même temps, elle a travaillé pour des journaux de collaboration. Il y a dans les livres de Colette (un peu comme chez Giono) des thèmes qui pouvaient séduire Pétain et le gouvernement de Vichy : le retour à la terre natale, l’évocation de la nature, par exemple… Et pourtant Colette a mis en exergue le rôle des femmes pendant la guerre et leur courage… Et, encore dans le contradictoire, Aragon sera un de ses soutiens au sortir de la guerre…

- Musique : La Vagabonde - Thomas Adès

- Colette : et après ?
- Comment expliquer qu’alors que Claudine à l’école était une critique assez sévère de l’école laïque et républicaine, tous les enseignants qu’on appelle les Hussards noirs de la République avaient dans leur bibliothèque les ouvrages de Colette ?
- Cette année, Colette est au programme du baccalauréat. Que reste-t-il de Colette ? Est-elle selon vous à sa juste place ? Comme ses contemporains, Proust, Gide, Valéry…
- Quelle était la relation de Colette avec les autres femmes écrivains ? Nous avons évoqué Simone de Beauvoir. Qu’en est-il de Marguerite Yourcenar et Marguerite Duras ?
Quand on lit le Blé en herbe (qui a été adapté au cinéma par Claude Autant-Hara), il y a un anticonformisme certain, un jeune homme qui noue une relation amoureuse avec une femme nettement plus âgée que lui. Pensez-vous qu’aujourd’hui, ce livre aurait pu être publié sans scandale ?
- Peut-on dire que Colette était subversive ?
- Alors, Colette : féminine affranchie ?

Musique : Il venait d'avoir 18 ans (Version en japonais) - Dalida